Ces ondes qui planent sur la tête de nos enfants

portable dangerWi-fi, téléphone portable, sans-fil… Quel effet ce bain d’ondes électromagnétiques a-t-il sur la santé ? Difficile d’y voir clair tant les scientifiques eux-mêmes sont divisés sur la question.

En 2005, l’exposition moyenne des Français aux ondes a été évaluée en équipant 400 personnes de sondes portées à la ceinture. « La plus forte source provenait de la radio FM suivie du wi-fi et du four à micro-ondes. Venaient ensuite le téléphone sans fil et le mobile 3G », explique Jean François Viel, épidémiologiste à Besançon, qui a coordonné cette étude. Les chercheurs ont relevé des pics d’exposition lors de la brève utilisation du four à micro-ondes. D’autres pics sont apparus lors de l’usage individuel d’un téléphone mobile ou sans fil. Viel reconnait que, depuis 2005, deux facteurs ont changé : la généralisation du wi-fi et l’usage exponentiel du téléphone mobile, notamment chez les enfants. C’est justement cela qui préoccupe.

Aux Etats-Unis, l’utilisation du mobile par les moins de 12 ans a augmenté de 68% en cinq ans, selon l’étude American Kids. 20% des 6-7 ans l’utilisent régulièrement contre 11.9% en 2005. L’ampleur de cette tendance n’avait pas été anticipé. La première grande étude épidémiologique mondiale concernant l’usage du mobile, Interphone, a été réalisée entre 2001 et 2004 sur des adultes de 30 à 60 ans et publiée en mai 2010. Sans réellement trancher.

« A l’époque, les enfants n’étaient pas aussi exposés », explique Martine Hours, épidémiologiste et coordonnatrice de cette étude pour la France. « Le jeune public est un sujet actuel de préoccupation pour trois raison, poursuit-elle. Jusqu’à la fin de la croissance, les enfants ont un crâne moins épais ; leur tête est plus petite que celle d’un adulte alors que le téléphone reste de la même taille ; enfin à cet âge, le cerveau fait toutes ses connexions. Nous ne savons pas quel est l’effet de ces ondes sur leur développement. »

Des doutes poussent les chercheurs à la plus grande prudence. « Il faut 20 à 30 ans entre l’exposition et l’apparition d’un cancer : c’est ce qu’on appelle le délai de latence, explique Jean-François Viel. Concernant le téléphone mobile, le risque est probablement faible, donc difficile à identifier. Nous n’avons pour l’instant pas assez de recul ».

onde dangerMalgré tout, le tableau n’est pas aussi noir. « S’il y avait un risque du type de celui du tabac ou de l’amiante, on le saurait », précise Martine Hours. « Même si statistiquement parlant, on peut toujours se tromper. L’intérêt est donc de faire beaucoup d’études. » Mobikids va réunir la France, la Nouvelle Zélande, Taïwan, Israël, le Canada, l’Australie, l’Espagne, l’Italie et les Pays Bas. « Nous allons demander aux neurologues et aux neurochirurgiens d’avoir accès à leurs malades âgés de 10 à 24 ans ayant présenté des tumeurs malignes au cerveau. Nous étudierons si ces personnes ont eu une plus grande exposition aux ondes que les autres dans leur enfance ».

D’autre part, l’Anses devrait mettre en place prochainement un groupe de travail qui produira annuellement un état des connaissances sur les effets sanitaires des radiofréquences.

L’institut national de prévention et d’éducation à la santé a lancé une étude sur les risques potentiels liés aux ondes émises par les mobiles. Tour d’horizon des préconisations des chercheurs.

Mettre à distance les sources électromagnétiques. Toutes sources ne sont pas à loger à la même enseigne, mais les ondes suivent toutes la même loi physique : la puissance diminue avec la distance par rapport à la source. Dans ce contexte, il est préférable de mettre la borne wi-fi près du plafond plutôt que sur le bureau. Eteindre son wi-fi ou son téléphone mobile, quand on ne s’en sert pas le soir. « L’utilisation d’un kit piéton ou d’un Bluetooth devrait être obligatoire », insiste Pierre Souvet, cardiologue et président de l’Association santé environnement France. Mais même avec l’oreillette, mieux vaut placer le portable sur une table ou dans la main que dans la poche.

Autre précaution possible : « Il est préférable d’éviter l’exposition des enfants devant les tables de cuisson à induction », selon Martin Hours. L’office fédéral de la santé publique suisse préconise de réduire l’exposition en maintenant une distance de 5 à 10 cm de la cuisinière. Le radio-réveil peut également émettre des champs électromagnétiques non négligeables, même à l’arrêt, dit-on à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Mieux vaut donc l’éloigner du lit.

Vérifier l’étanchéité de son four à micro-ondes : ces ondes sont très puissantes mais tout est normalement conçu pour qu’elles restent à l’intérieur du four. « Si un four à micro-ondes est vieux, qu’il a de la graisse sur les joints et que ces derniers ne sont plus étanches, cet appareil peut émettre plus que votre borne wi-fi », explique Christian Person. Par précaution, mieux vaut s’éloigner quand il est en marche.

Repenser au téléphone et à l’internet filaire.


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