Les mouvements écologiques sont consternés par la décision de BP (British Petrolium) d’installer des plates-formes pétrolières dans la mer de Kara, au nord de la Sibérie, dans l’Arctique. L’Arctique est l’un des derniers refuges du globe pour un certain nombre d’espèces menacées, parmi lesquelles les ours polaires, les morses et les baleines blanches. Les eaux de la mer de Kara restent relativement inexplorrées mais elles sont connues pour abriter d’importantes espèces de poissons, comme le flétan, le capelan et la morue.
La décision de pratiquer des forages dans la région a été prise après l’explosion de la plate-forme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique, en avril 2010. Cet accident a ruiné la réputation de BP et les mouvements écologistes craignent que, du fait de l’isolement, l’Arctique ne soit encore plus exposé aux catastrophes écologiques.
« Il y a quelques années, BP se présentait comme la compagnie pétrolière la plus écologique et promettait d’aller au delà du pétrole », souligne Mike Childs, un responsable de l’ONG Les amis de la Terre. « Compte tenu des énormes répercussions de ses opérations dans le golfe du Mexique, sa récente décision en fait l’ennemi numéro un de l’environnement ». Selon lui, « l’Arctique devrait être interdit à l’extraction de combustibles fossiles car c’est l’un des rares environnements intacts qu’il nous reste. Cet environnement est très fragile et nous devrions chercher des moyens de le protéger, plutôt que de le détruire. »
Pour Dax Lovegrove, le responsable des relations avec le monde des affaires et l’industrie au WWF-Royaume-Uni, « les plans anti-marée noire dans l’Arctique sont encore moins adaptés qu’ils ne l’étaient au golfe du Mexique. Il y a moins de matériel et de bateaux pour récupérer le pétrole flottant à la surface de l’eau. »
Des écologistes s’étaient plaints des activités conjointes de BP et de Rosneft au large de l’île de Sakhaline, dans le Pacifique Nord. WWF pense que les incessants relevés sismiques des deux compagnies ont causé des nuisances sonores pour les 130 dernières baleines grises de la côte ouest du Pacifique. Greenpeace a récemment évalué qu’il faudrait neuf mois pour réparer les dégâts d’une marée noire dans la mer de Kara. « En effet l’Arctique qui se trouve à des milliers de kilomètres de tout et où la saison des forages se limite à trois ou quatre mois par an, si une fuite se produit à la fin du cycle, il risque de s’écouler neuf mois avant de le colmater », observe un porte parole du mouvement écologiste. Greenpeace entend combattre activement l’exploitation des ressources de l’Arctique. « Nous devons nous demander pourquoi l’argent des actionnaires est investi dans une telle région après avoir dépensé 20 milliards de dollars pour Deepwater Horizon. » Les coûts de nettoyage et d’indemnisation générés par la marée noire du golfe du Mexique devraient dépasser les 40 milliards de dollars.
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