Acte altruiste ou moyen d’éviter les frais élevés liés à un enterrement, le don de corps s’est récemment développé à vitesse incroyable en Espagne. Les facultés de médecine disposent d’une abondante réserve de cadavres, et certaines seront même débordées d’ici quelques années. La multiplication du nombre de donateurs s’explique par différents facteurs : fin des tabous dans des tranches toujours plus larges de la population ; prosélytisme des enseignants, intéressés par le contact direct de leurs étudiants avec le corps humain avant qu’ils ne commencent à travailler ; et, de plus en plus, la nécessité pour la familles d’économiser l’enterrement, qui en Espagne, revient en moyenne à 2 500€.
Quand on lègue son corps à la science, les universités assument les dépenses. Elles prennent en charge le transport, la préparation (embaumement ou congélation) et après utilisation (jusqu’à 5 ans au plus tard), l’incinération du corps. Cela suppose un gros effort sur le plan économique ainsi que sur celui du personnel, puisqu’il faut toujours quelqu’un de disponible lorsqu’un donateur vient de décéder.
Les gens qui donnent leur corps veulent aussi laisser un petit pécule à leur famille aux frais des assurances. La plupart des Espagnols contractent des polices pour que les compagnies d’assurances paient l’enterrement le moment venu. Mais, les donateurs n’ayant pas besoin de ce service, une partie de cet argent peut être remboursée.
Chaque faculté gère le service à sa façon et applique ses propres critères. Pour certains établissements, il suffit que le donateur remplisse la documentation et l’envoie par courrier. D’autres acceptent les corps des défunts même si ces derniers n’ont pas expressément donné leur consentement de leur vivant. Dans ce cas, il suffit que les membres de la famille transmettent le supposé désir du défunt à sa mort.
En Espagne, les résistances aux dons de corps ont longtemps été fortes, hormis dans la zone méditérranéenne et dans les grandes villes. Auparavant, les facultés ne voyaient arriver que les corps de mendiants qui mourraient dans la rue. Et certaines personnes continuent de s’opposer à cette pratique.
En France, près de 30 établissements sont habilités à recevoir les dons de corps. Chaque année, 2 600 à 2 800 personnes font ce don. Cette démarche doit être réalisée par le donateur lui même, de son vivant, par écrit. Le donateur reçoit ensuite une carte qui atteste son voeu. Une participation financière est demandée par l’établissement qui reçoit le corps. Chaque établissement fixe ses tarifs. Lorsque la dépouille a été utilisée par les services d’enseignement, les restes sont incinérés, mais les familles n’ont pas le droit de récupérer les cendres, sauf exception comme à l’AP-HP (assistance publique-hôpitaux de paris).