La capoeira est l’un des aspects les plus fascinants de la culture brésilienne, c’est un mélange de danse et de style de combat utilisée par les tribus sous l’esclavage au Brésil.
Venu d’Afrique avec leurs danses, leurs rituels, leurs fêtes et leurs chants, les esclaves ont fini par créer un rituel unique, lié à leur condition au Brésil.
Les pieds sont très largement mis à contribution durant le combat et les « joueurs » prennent souvent position en équilibre sur les mains pour effectuer des mouvements de jambes.
Le capoeiriste est à la fois un athlète, un danseur, un acrobate, un farceur, un comédien et un musicien.
Étymologie
On ne connait pas catégoriquement l’origine du mot « capoeira » plusieurs théories revendiquent son origine.
Il viendrait de la langue des indiens Tupi-Guaranis et signifierait « clairière » ou « herbe rase », les esclaves en fuite auraient souvent été aperçus en train de s’entrainer dans ce type de lieu pour se défendre des maîtres qui voudraient les récupérer.
Autre version : en portugais, « capoeira » désigne le poulailler ainsi que le panier en osier dans lequel on transportait ce type de volatile.
Les esclaves allant au marché vendre les animaux dans leur panier en osier en profitaient pour pratiquer ce balbutiement de lutte et ce serait ainsi qu’aurait été baptisée la capoeira par transposition avec la marchandise que leurs pratiquants transportaient.
Une pratique née de l’esclavage
À l’origine, la capoeira est un art martial élaboré secrètement par les noirs du Brésil, à l’époque des révoltes et de la crise du système esclavagiste.
Les esclaves, pour la plupart, originaires d’Angola, imaginent un moyen de combattre leurs oppresseurs. Ils s’enseignent mutuellement leur savoir et inventent une technique de guérilla.
Les négriers, comprenant que les esclaves sont en train de développer un art martial d’une grande efficacité, l’interdisent immédiatement.
Ceux qui sont pris à pratiquer cette technique sont, tout simplement, tués sur-le-champ ou gravement mutilés.
C’est alors que les esclaves ont l’idée d’exécuter ces mouvements sous l’apparence d’une danse. Les « maîtres » portugais n’y voient que du feu ! Certains rythmes joués au berimbau, l’instrument principal de la capoeira, préviennent les participants que leurs maîtres approchent et les esclaves se mettent à utiliser des mouvements plus souples, plus proches de la danse que du combat. La capoeira est née… Une fois l’esclavage aboli, la capoeira n’est plus nécessaire pour lier les esclaves entre eux. Son utilisation commence alors à dégénérer en une sorte de combat de rue entre bandes rivales, et l’emploi de lames de rasoirs devient chose courante.
Clandestine jusqu’à la fin des années 30, la capoeira est réhabilitée par le légendaire « Mestre » Bimba et devient une discipline à l’image des arts martiaux d’Extrême-Orient. Esthétique et empli de grâce, l’art de la capoeira caractérise, aujourd’hui, à l’instar du football et de la samba, le Brésil d’un point de vue culturel et sportif et a largement dépassé les frontières « auriverde ».
Histoire
Il est très difficile de décrire en détail la genèse de cet art martial puisqu’il est né dans la clandestinité et donc n’a laissé quasiment aucuns documents pour raconter son histoire. Certains voient la capoeira comme totalement africaine car tout ce qui la constitue existe, ou aurait existé, sous une certaine forme en Afrique. D’autres pensent qu’elle est totalement brésilienne puisque née sur le territoire du Brésil bien qu’ayant pour créateurs des esclaves venant d’Afrique. Cependant la version la plus communément admise est qu’elle est inextricablement afro-brésilienne : pendant l’esclavage au Brésil dès le XVIème siècle, les portugais ont séparés et mélangés différentes tribus africaines pour diminuer les risques de révoltes, différentes populations se seraient retrouvés en contact et de ce regroupement hétéroclite serait né la première forme de capoeira, association de luttes et traditions africaines dans un contexte de société coloniale portugaise au Brésil.
La capoeira exprimerait une forme de rébellion contre la société esclavagiste, les premiers capoeiristes s’entrainaient à lutter en cachant leur art martial sous l’apparence d’un jeu ; ainsi quand les maîtres approchaient, le caractère martial était déguisé par la musique et les chants, le combat se transformait promptement en une sorte de danse qui trompait leur méfiance et leur empêchaient de voir caractère belliqueux de la capoeira. Elle aurait été aussi pratiquée dans les « quilombos », refuges secrets d’esclaves en fuite pour échapper à leur tortionnaires. Le plus connu, « O Quilombos dos Palmares » a tenu plus d’un siècle et a fait l’objet de nombreux chants et son représentant le plus célèbre, Zumbi Dos Palmares est une des figures de la résistance des esclaves africains. La capoeira traduirait également une forme de langage corporel : les premiers esclaves parlant différentes langues l’auraient créé également comme une sorte vecteur de communication entre les différentes cultures. Ce sont les explications les plus souvent émises, de nombreux historiens ont cherchés à expliquer les circonstances de la naissance de la capoeira mais il semble impossible de le faire d’une manière formelle et tangible.
Capoeira ou la danse de la Guerre par Johann Moritz Rugendas 1835
De mieux en mieux connue et définie au cours de l’histoire du Brésil, elle survivra jusqu’à l’indépendance du Brésil en 1822 et l’abolition ( officielle ) de l’esclavage en 1888 mais elle reste tout de même mal vue par l’autorité qui la considère comme dangereuse et l’interdit en créant dès 1890 un délit punissant ceux qui se rendent coupable de capoeiragem : la pratique de la capoeira. Pratiquée notamment par les brigands et malfrats en tout genre, réunis en bandes rivales appelés maltas de capoeira, la capoeira se pratiquait clandestinement dans la rue et les « capoeiristas » ou « Capoeira » causaient des désordres car ils l’utilisèrent régulièrement pour régler leurs comptes dans des affrontements sanglants.
Dans les années 1930, Manuel dos Reis Machado plus connu comme Mestre Bimba fonde la première école de capoeira qu’il appelle le « Centro de Cultura Fisica e Capoeira Regional » à Salvador de Bahia et créé le style de capoeira que l’on nomme « Capoeira Regional ». Ce fait est singulier car à l’époque la capoeira ne s’apprend que dans la rue et dans le vif, s’entrainer à la capoeira dans une salle avec des entrainements codifiés ( dont notamment les fameuses huit séquences de Mestre Bimba ) était nouveau et préfigure des multiples académies qui vont se créer par la suite. La capoeira regional se distingue de la capoeira traditionnelle car Mestre Bimba y intègrera des éléments de « Batuque », une lutte africaine que pratiquait son père, et d’autres éléments venus d’arts martiaux étrangers pour en faire une lutte différente de la capoeira traditionnelle. Un de ses souhait est aussi de nettoyer l’image de la capoeira en la dissociant du banditisme et des problèmes de délinquance de la société brésilienne de l’époque. Pour cela, il n’accepte dans son académie que des individus pouvant certifier d’un travail honnête : ainsi la première génération d’élèves se trouvent être majoritairement des jeunes blancs aisés et de bonne famille ce qui à l’époque était une forme de respectabilité. En 1952 il réussi à attirer l’attention du président brésilien de l’époque, Getulio Vargas, et fera une démonstration à la suite de laquelle le président affirmera que la capoeira est le « véritable sport national ». C’est un des évènements qui permettra à la capoeira de sortir de sa clandestinité et de s’affirmer de nos jours comme la seconde activité sportive la plus pratiquée par les brésiliens après le football.
Totalement à contre pied de Mestre Bimba, Vicente Ferreira Pastinha plus connu comme Mestre Pastinha incarnera le courant qui souhaite conserver dans une certaine mesure la capoeira traditionnelle, elle s’appellera « Capoeira Angola ».
Avec l’essor de la capoeira, le Brésil a vu apparaître de nombreux groupes et vers 1970, un groupe qui souhaitait pratiquer la capoeira a créé un système de cordes à l’image des ceintures de couleur des arts martiaux asiatiques. Néanmoins, il n’y a pas d’uniformité entre les différents groupes de capoeira en ce qui concerne les couleurs des cordes. Chaque groupe a un classement de couleur qui lui est propre. La plupart du temps, la première corde est la blanche, qui représente la virginité et à qui on doit tout apprendre, mais parfois, cela peut être vert clair en signe d’un fruit qui n’a pas encore atteint maturité. Dans certains groupes la corde blanche est celle des « Maîtres » eux-mêmes. Cela prouve les différences parmi les groupes.
Les années 1980 et le renouveau des mouvements de conscience noire ont favorisé l’apparition des groupes qui cherchaient à se rapprocher de la tradition. Dans les mêmes années, des professeurs de capoeira se sont installés un peu partout dans le monde.
Au niveau international, la discipline de la capoeira est majoritairement organisée en groupes, eux-mêmes composés d’académies et d’écoles. Chaque groupe possède ses propres aspirations, pratiques et coutumes, tout en conservant la base culturelle commune de la discipline.
Roda, berimbau et pandeiro
La principale caractéristique de la capoeira est la roda, elle en est la parfaite illustration. La roda (ronde en français) est la ronde que forment les capoeiristes lors des confrontations qui sont appelées « jeux ».
Elle met en scène tous les aspects de la capoeira : l’aspect martial avec ses combats et l’aspect artistique avec les « floreis » (acrobaties), les chants et les instruments typiques de la capoeira. Le jeu symbolise le combat, l’expression corporelle et la conversation non verbale entre les deux partenaires. Cette ronde, qui délimite l’espace de jeu, sert surtout à créer une ambiance propice au spectacle. En effet, cette roda crée, par ses chants et ses rythmes brésiliens, une ambiance festive et chaleureuse qui « donne de l’énergie » aux capoeiristes qui s’affrontent au centre du cercle.
Dans une roda typique on retrouve les instruments traditionnels de la musique brésilienne suivants :
- trois berimbau
- deux pandeiro
- un atabaque
- un agogo.
La personne qui tient le berimbau gunga (qui produit le son le plus grave) contrôle la roda. C’est elle qui décide du rythme de la musique et donc du type de jeu que doivent produire les capoeiristes au centre de la roda, et c’est elle qui décide du début et de la fin de la roda.
Dans la Capoeira Angola, la composition la plus fréquente est :
- trois berimbau
- deux pandeiro
- un atabaque
- un reco-reco
- un agogo.
Il existe deux styles bien distincts : Angola et Regional. La Capoeira Angola est la capoeira traditionnelle telle qu’elle fut nommée par Maître Pastinha qui souhaitait conserver les coutumes ancestrales qui y étaient associées en réponse à la création de la capoeira Regional par Maître Bimba qui, lui, souhaitait affranchir cet art de tout ce qui pouvait le rendre moins efficace en combat.
Le capoeiriste qui chante influe également sur le « jeu » (jogo) produit au centre de la roda. En effet, les chants qui accompagnent le rythme des instruments sont souvent porteurs de sens : ils racontent une histoire qui met en avant certaines valeurs ou simplement des caractéristiques de jeu qu’il faut essayer de reproduire dans la roda. Un bon capoeiriste doit savoir interpréter le rythme et les chants afin de produire un jeu qui corresponde, c’est-à-dire adapter sa vitesse et ses mouvements au rythme des instruments et mettre en pratique les valeurs ou caractéristiques de jeu dont il est question dans les chants. Par exemple un jeu plein de malice (mandinga), ou d’acrobaties, ou encore de mouvements d’animaux.
Le démarrage de la roda suit un rituel précis. Une fois la ronde formée, deux capoeiristes viennent s’accroupir au pied du berimbau central et patientent. C’est à ce moment que les instruments entrent en action dans un ordre bien précis : le berimbau central commence seul, ensuite les deux autres l’accompagnent, puis c’est au tour de l’atabaque, ensuite le pandeiro et enfin l’agogo. Quand tous les instruments sont en action, un capoeiriste commence à chanter : il chante seul les couplets et la ronde entière reprend les refrains en chœur. Et c’est uniquement lorsque la roda chante le premier refrain que les deux capoeiristes qui étaient en attente peuvent commencer à « jouer ».
Ensuite, les autres capoeiristes peuvent prendre la place d’un des deux protagonistes en passant au préalable s’accroupir au pied du berimbau central.
Écoles
La capoeira est enseignée dans des écoles spécialisées, appelées académies, où règne une hiérarchie très précise entre le Maître (o Mestre) et ses élèves. En dessous du Maître, il y a le contre-maître (ou mestrando), puis le professeur, l’instructeur et le moniteur (ou graduado). Les moniteurs peuvent commencer à donner des cours aux enfants ou assister une personne plus gradée, mais c’est généralement à partir du grade d’instructeur que l’on donne des cours de capoeira. La discipline et le respect mutuel sont des valeurs fondamentales de cette pratique.
Dans la capoeira sportive, les différents niveaux de technicité d’un capoeiriste peuvent être sanctionnés (un peu comme au judo ou au karaté) par la remise d’un cordon de couleur, chaque couleur correspondant à un grade ou degré de connaissance (technique, histoire, chants, instruments, etc.). Le grade n’atteste pas uniquement des capacités techniques du pratiquant, mais récompense aussi son niveau d’investissement, d’implication dans son école ou son groupe (organisation, participation aux manifestations, etc.).
Quelques groupes, surtout les plus traditionnels, n’utilisent pas de grades. S’ils sont utilisés, le nombre de grades ainsi que les couleurs des cordes leur correspondant ne sont pas identiques pour tous les groupes. Les groupes pratiquant la Capoeira Angola n’utilisent pas de grades ni de ceintures.
Batizado
Le Batizado est le passage de grade. Il signifie « baptême ». Il clôt généralement une semaine de stage (ou moins), avec l’intervention de personnes gradées venues de tout le globe. Un Mestre doit être présent. Entre chaque niveau, il y a de petits spectacles de danse, de chants, de musique… préparés par les élèves, ou des démonstrations de capoeira avec les professeurs, instructeurs.
Les élèves sont appelés par leur nom de capoeira. Ensuite, un par un, ils jouent avec l’un des professeurs, jusqu’à être mis à terre, afin d’être intronisés dans le monde de la capoeira, et ainsi recevoir leur première corde. Une fois que tout le monde de même niveau est passé, les élèves jouent entre eux. Puis on leur remet leur corde, équivalente – par analogie – à une ceinture dans d’autres arts martiaux.
Maculelê
Le Maculelê fait partie de la vie, de l’histoire de la capoeira.
Le maculelê est une danse pratiquée dans toutes les académies ou écoles de capoeira. Ses origines remontent aux coupeurs de canne à sucre qui s’entraînaient avec leurs machettes. C’est une danse rythmée par l’atabaque. Les joueurs de maculelê forment une roda autour de l’atabaque. Ils font la ginga au rythme de l’instrument, et frappent entre eux deux bâtons, appelés grimas, qu’ils tiennent dans leurs mains, faits traditionnellement de bois de biriba. À l’origine, les joueurs de maculelê utilisaient des machettes ou des sabres, aujourd’hui remplacés par les bâtons pour plus de sécurité, bien que certains groupes jouent encore avec des machettes ou des sabres.
Samba de Roda
La Samba de Roda est une autre forme de danse pratiquée dans la capoeira, rythmée par le sons du berimbau, du pandeiro et de l’atabaque.
Les capoeiristes forment une roda. La samba de roda n’est pas réglementée, mais libre. C’est un moyen pour les joueurs de s’extérioriser, de faire la fête entre eux. Pratiquée par tous les capoeiristes, elle nécessite un jeu de jambe rapide, demandant de nombreuses heures de pratique.
Quelques mouvements de capoeira
Voir l’article annexe : liste des mouvements de capoeira.
Ginga est le mouvement de base. Il peut être plus ou moins comparé à la garde de boxe, mais la ginga est plus complexe, en cela qu’elle n’est pas fixe. La base de la ginga est facilement maîtrisée au bout de 2-3 semaines. Cependant ce mouvement est sans cesse améliorée par le pratiquant, par de subtiles différences acquises par l’expérience. Ces différences peuvent caractériser en partie son « style ».
Positions
- Negativa
- Cocorinha
- Acrobaties
- Aú (roue)
- Estrella = Au sem mao (roue sans les mains)
- Au de costa / Au cortado
- Au giratoria (roue pendant laquelle on effectue une rotation sur la deuxième main)
- Borrão
- Helicoptero
- Macaco (macaque) mouvement relativement semblable au flip arrière, seulement une seule main est posée au sol et on se lance en arrière. Il n’y a pas besoin de sauter.
- Macaco em pé
- Meia lua reversão
- Queda de rins
- Au batido ou « amazonas », figure classique consistant à donner un coup de pied sur une main.
- Au chibata
- Estuprado
- Salto mortal Salto arrière.
Coups de pied
- Martelo est un coup de pied donné en se positionnant une jambe en arrière et en lançant cette dernière directement en avant avec le dessus du pied sur le côté de l’adversaire.
- Armada est un coup de pied donné en se positionnant une jambe en arrière en pratiquant une rotation du côté de la jambe arrière et en lançant cette dernière en tournant autour du pied de pivot.
- Armada de costa / Rabo-de-arraia
- Armada pulada
- Cabeçada (coup de tête) coup porté avec la tête.
- Meia lua de compasso est un mouvement de capoeira. Il s’agit d’un coup de pied donné en positionnant les deux mains au sol entre les jambes (une main devant et une main derrière les jambes ), et en lançant la jambe inverse du bras en avant tel le mouvement d’un compas
- Meia lua de frente
- Parafuso
- Evergado
- Chapa / esporão
- Chapa giratoria
- Esporão
- Benção littéralement « bénédiction » en portugais, c’est un coup de pied frontal porté face à l’adversaire avec le plat du pied, appelé Chapa en capoeira Angola
- Ponteira (aiguille). Coup de pied frontal porté face à l’adversaire avec la pointe du pied.
- Queixada
- Gancho
- Chapeu de couro (chapeau de cuir) / Martelo do chão (martelo de sol). Martelo lancé depuis negativa
- Double chapeu de couro
Esquives
- Cocorinha est une esquive où l’on se met accroupi avec les deux mains de part et d’autre du visage.
- Negativa est une esquive où l’on doit se positionner assis sur un talon et l’autre pied doit être positionné de côté, le genou fléchi.
- Negativa de angola
- Esquiva de lado
- Esquiva de tronco
- Esquiva de frente
Autres
- Rasteira : avec une jambe en arrière par rapport à l’autre, il faut prendre de l’élan puis s’accroupir avec la jambe avant. La jambe accroupie sert à tourner tandis que l’autre reste gainée et en avant pour faire tomber l’adversaire.
- Tapa (galopante) consiste à mettre une gifle à l’adversaire. Cela se traduit par « claque » en français.
LA CAPOEIRA EST UN RITUEL
Un rituel d’une grande beauté. Les mouvements des Capoeiriste sont ceux des animaux. Macaques, reptiles ou félins, ils évoluent indifféremment debout ou renversé, à quatre pattes ou bien complètement allongées, prêts à bondir dans les airs ou sur leur proie. Ils sont soutenus autour par les rythmes de percussions, les chants et les frappes de mains des autres capoeiriste. Ces derniers, en attendant leur tour, se forment en cercle et « chauffent » le jeu avant de se lancer dedans. C’est la » RODA « .
UN ESPACE CIRCULAIRE
A l’intérieur de ce cercle c’est l’aire de jeu, le lieu de la danse, le lieu de la lutte. C’est ici que l’on se montre aux autres, que l’on s ‘expose aux risques, que l’on improvise des personnages, que l’on établit un dialogue corporel avec son partenaire (ou adversaire).
Autour les danseurs forment la RODA. Ils rythment le jeu pour se donner de l’énergie ou en donner aux autres. Les percussions augmentent ou réduisent la cadence, les chants envoient des messages, des avertissements ou des conseils, commentent le jeu ou racontent les histoires légendaires de la Capoeira.
La qualité du jeu dépend de la qualité du rythme et des chœurs autour. Ils sont indissociables.
AU CENTRE IL Y A LE JEU
Il a comme tous les jeux, ses traditions, ses règles, ses codes pour entrer dans le cercle, pour s’arrêter ou reprendre. Par contre lorsqu’on est au centre, face à son partenaire il s’agit de ne pas se tromper. Tout peut aller très vite. Même si le rythme est lent. Etre au centre, c’est être seul dans une expérience qui ne va pas se répéter. Si une pensée traverse l’esprit, elle peut gêner les réflexes du corps. Etre au centre, c’est être totalement présent et « invisible « .
LE TEMPS D’UN DIALOGUE ET D’UNE IMPROVISATION
Etre au cœur du rituel et faire un « beau jeu « , c’est engager le dialogue avec son partenaire en utilisant tous les recours que l’on a à sa portée pour le tromper et l’emmener au piège. Nous avons vu que c’était la lutte du plus faible contre le plus fort, donc pas besoin d’être un athlète ou un acrobate pour jouer la Capoeira. Un sourire, un geste malicieux, un cri, une douleur déguisée, un coup portée ou un coup reçu et ou une esquive bien placée sont souvent plus utiles pour mener le jeu où on veut.
Le temps du jeu c’est le temps d’entrer, d’établir la relation avec son partenaire, d’être attentif et à l’écoute de son énergie corporelle, (sa rapidité ou sa lenteur, son niveau d’agressivité, ses capacités de ruse, de stratégie, son agilité, son humour…).
Ici aussi, comme au théâtre ou en danse la qualité d’écoute fera que le jeu sera « bon ou mauvais « , « vrai au faux « .
» Tomber dans le piège » n’est pas douloureux dans le Capoeira puisque le principe est de ne pas se toucher, de rester fluide l’un par rapport à l’autre et d’arrêter le mouvement avant de se faire obstacle
.A la fin, personne ne gagne ou ne perd. On se sert la main et on s’arrête là.
LA PRATIQUE DE LA CAPOEIRA
ECHAUFFEMENT ET TECHNIQUE
Il existe une technique de la Capoeira, support indispensable à une bonne préparation physique pour la souplesse, la vigueur, l’agilité, l’équilibre, l’endurance et le rythme du corps.
1) Technique des mouvements
Mouvement des animaux (macaques, félins, reptiles).
Mouvements et déplacements au sol.
Mouvements et déplacements à mi – hauteur.
Mouvements et déplacements à partir de sauts et d’acrobatie.
La ginga, mouvement de base.
La ginga permet le déplacement dans l’espace en rythme et de façon continue. C’est à partir de la ginga que se font les sauts, les coups et les autres mouvements.
L’équilibre
Equilibre statique
Equilibre dans le mouvement.
La récupération de l’équilibre à partir du déséquilibre.
La malice et la » mandiga « .
Ce sont les artifices, les stratégies, les « combines » imaginés pendant le jeu pour distraire le partenaire et e conduire où l’on veut. C’est ici que se développe toute la théâtralité du jeu, que se construit le vocabulaire gestuel de chacun.
La musique et le chant
Initiation aux instruments
Travail sur le rythme et les chœurs
L’échauffement corporel sera soutenu par les rythmes des deux percussions principales de la Capoeira : le bérimbau et le pandéro.
LE MOUVEMENT » ORGANIQUE «
Chaque jour, les participants seront après l’échauffement en situation de jeu.
L’intelligence du corps
Aucune pensée, aucun jugement conceptuel ni aucun regard extérieur ne doit faire obstacle à l’élan corporel.
La nécessité d’agir
Dans le jeu, un mouvement qui n’est pas nécessaire non seulement n’amène rien mais peut conduire au piège de l’adversaire.
Il sera important de ne pas s’attacher à faire de grands sauts ou à rechercher l’esthétique parfaite des mouvements de Capoeira mais plutôt de travailler leur contenu organique et essentiel. Un mouvement est beau quand il est réalisé par nécessité au bon moment et dans le rythme juste.
Le jeu organique
Un jeu organique est un jeu qui se fait malgré sa volonté et hors de toute contrainte technique non dominée. Cela demande une bonne connaissance de soi et de ses limites.
DIALOGUE CORPOREL ET IMPROVISATION
Entrer dans la » roda «
C’est entrer dans le dialogue, savoir se positionner dans l’espace et d’être parfaitement à l’écoute de son partenaire.
L’improvisation.
Il y a improvisation en Capoeira parce que le jeu est une situation toujours nouvelle et toujours unique : On est amené à donner des réponses motrices toujours variables et adaptées.
Le dialogue.
Exploitation de tous les dialogues possibles par le biais d’exercices ou sans intervention rationnelle.
Exemples d’exercices :
Dialogue avec une seule partie du corps. Le côté gauche ou le côté droit, la tête ou le thorax, les bras ou les jambes.
Dialogues lents ou rapides, ou niveau du sol ou en hauteur en fonction de la musique et du partenaire.
La théâtralité du dialogue, avec l’utilisation des sentiments et de l’émotion qu’inspire le jeu : rage, humour, sérénité, honte, excitation, séduction…
L’application de la malice et de la « mandiga « .