Bachata

Née à la République Dominicaine, la bachata y est très populaire depuis une dizaine d’année.

La bachata est complètement différent de la salsa et du merengue. C’est une musique romantique de République dominicaine. Née dans les quartiers pauvres de Santo Domingo, pendant les années 1960, la bachata s’est popularisée dans les années 1990. On parle aussi de bolero campesino, bolero antillano ou cancion del amargue.

Elle se distingue du merengue par des rythmes plus lents et par des mélodies aux accents nettement plus romantiques.

À l’origine, il s’agissait simplement d’une chanson accompagnée à la guitare. Maintenant la bachata se joue avec des instruments de percussion, une basse, des synthétiseurs et, surtout, une guitaire au son très aigu. C’est ce dernier instrument qui donne un son unique à la bachata.

Les premières bachatas enregistrées datent de 1961 :
José Manuel Calderón : « Borracho de amor » et « Que será de mi (Condena) »
Leonardo Paniagua : canción de guardia cobrao.

Le succès international arrive en 1991, lorsque Juan Luis Guerra sort la chanson « Burbujas De Amor », qui se classe en tête de l’Euro Hot 30. Son album est n°1 dans le monde dans la catégorie « Musiques du monde », et acclamé par la critique comme le public. Le chanteur et compositeur Víctor Víctor est aussi responsable du succès international de la bachata avec le chanson « Mesita de noche » en 1993 .

Puis en 1999, l’Espagne se mettra à danser la bachata, avec les succès de Frank Reyes (« Ajena ») et Luis Miguel del Amargue (« Te echo de menos ») et se faufile une place sur les pistes de danse entre la salsa et le merengue…

En Italie la musique est populaire, et une variante y est née, le bachatango, qui fusionne bachata et tango, et qui rencontre un succès un peu partout, surtout en Europe.

Elle rencontre aussi un succès massif à Madrid et un intérêt croissant dans d’autres capitales européennes. Avec ses pas très caractéristiques, la bachata est plus complexe et plus expressive que le merengue. La Bachata est toute en balancement, en rotation, toute en contraste : 3 pas suivi d’un quatrième déhanché en contre point. Toute en attitude, elle permet aussi l’improvisation.

La musique se joue à plusieurs guitares, trois ou quatre, accompagnées de percussions, bongo, maracas, guiro et une basse. Il est difficile de lui trouver une filiation nette mais il est probable que des musiques cubaines comme le boléro ont eu une certaine influence. Comme beaucoup de musiques latines, il existe plusieurs styles de musiques et les musiciens de Bachata y mélangent de la guajira…etc.

Origines

Quelles sont ses origines ? Au début des années 60 la Bachata faisait partie de la catégorie romantique, la musique que l’on écoute lors des fêtes populaires du dimanche après midi, lors des réunions de familles où les orchestres locaux participaient. C’était une musique de détente, autour d’une table, entre amis et/ou famille où l’on mange, l’on discute, on écoute ensemble les paroles voire on reprend en chœur les chansons les plus connues. Ces fêtes de villages ou de quartiers étaient une échappatoire d’une vie pauvre et sans liberté. Mais ce côté convivial n’était pas apprécié de tout le monde. Les classes dominantes la dénigraient car cette musique était à leur yeux vulgaire, mineure et paysanne. Cela dura longtemps et le sens même du terme était négatif et synonyme de musique populaire de seconde catégorie à tel point que ’Bachatero’ était un terme utilisé pour désigner les mauvais musiciens. Mais peu à peu les rythmes et les mélodies se sont enrichis. La Bachata s’est enracinée socialement en parlant concrètement de la misère des campagnes ou des quartiers défavorisés, de l’excès boisson, des bordels, des conflits… Le tout avec comme toile de fond un romantisme écorché pour décrire la détresse et les découragements rencontrés avec la femme aimée dans des contextes sociaux et économiques dégradés.

Contexte historique

Et ce n’était pas de la fiction pour les Dominicains. L’histoire récente de la Républicaine a été misérable et les malheurs ont commencé par la sanglante dictature de Rafael Trujillo ou ses présidents fantoches interposés (1930-1960), jusqu’à son assassinat en 1961. Mais ce n’était pas fini car les USA sont très actifs pour écraser un soulèvement révolutionnaire (dans un contexte de révolution castriste). En 1966 est élu à la présidence Joaquin Balaguer qui fut l’homme lige de Trujillo, il a réussi le tour de passe-passe pour apparaître comme l’artisan de la transition démocratique, sous la tutelle des Etats-Unis, au début des années 1960. Ce « père de la démocratie dominicaine », laisse en 1978 une démocratie gangrenée par la corruption et l’impunité.
C’est tout ce contexte qui explique l’arrière plan très réaliste des paroles de la Bachata .

Ainsi, la bachata était jusque dans les années 60 considérée comme étant la musique du peuple. C’est pourquoi nombre de musiciens participaient aux fêtes populaires. Pour l’aristocratie, ces musiciens et leur son ne valaient rien : ils étaient nommés les « bachateros », et leur musique la « musica de amargue ». Les choses ont commencé à changer à partir de la mort de Rafael Trujillo en 1961, ce qui marqua la fin de la dictature en République Dominicaine. C’est alors que les premiers enregistrements furent effectués. On peut alors parler de première étape de la bachata.

Les musiciens de l’époque n’utilisaient pas tous les instruments que l’on connait aujourd’hui. Par contre, le registre dans lequel se situe la bachata est resté le même jusqu’à présent. Les thèmes abordés parlent donc souvent d’amour brisé ou impossible et on retrouve à travers les chansons le même côté lyrique et romantique. On peut d’ailleurs retrouver à travers ces histoires d’amour une certaine allégorie du climat social de l’époque. En effet, l’amour inaccessible peut ainsi faire référence aux yeux du peuple à l’impossibilité d’avoir la souveraineté nationale entre ses mains ; ce qu’il n’a pu avoir après les dominations française, espagnole puis haitienne.

La seconde étape dans la création et l’évolution de la bachata que l’on connait aujourd’hui a eu lieu au cours des années 70 et 80. La fin de la dictature a permis l’ouverture du pays au tourisme, fait absolument majeur dans l’histoire de la République Dominicaine, qui vit encore beaucoup du tourisme aujourd’hui. Le tourisme donc, plus l’internationalisation des nouveaux moyens de communication ont fait que la bachata a pu s’étendre lentement à travers le monde. Alors que dans son propre pays, cette musique était considérée comme étant une balade populaire, le reste du monde trouvait dans son rythme suave une synesthésie entre la chaleur des îles et l’image d’un paradis au bout du monde avec la représentation des plages de Saint Domingue en tête.

Ceci dit, il aura quand même fallu attendre une troisième étape dans l’évolution de la bachata pour voir enfin cette musique atteindre un statut international. A partir des années 90 et surtout des années 2000, la bachata, renforcée par l’utilisation de nombreux nouveaux instruments, acquiert sa personnalité propre. A présent, on ne parle plus de la bachata comme étant un dérivé du zouk, du boléro ou autre. C’est devenu une musique à part entière. Avec des artistes comme Luis Vargas, Anthony Santos ou Frank Reyes, la bachata reprend son statut de balade latine, qui fait toujours autant rêver.

Mais le terme a pris un sens plus positif avec l’émergence de la Bachata dans l’industrie du disque à la fin des années 80, début des années 90. Au départ, même les orchestres de seconde zone de Merengue avaient plus de visibilité sur les grandes chaînes de télévision ou de radio que les plus grandes stars de la Bachata. Jusqu’à ce qu’un grand musicien, Juan Luis Guerra ait mis sur le marché l’album « Rosa » en 1991, pour atteindre des records de vente dans le pays et commencer à faire connaître internationalement la Bachata, il remporte en effet un Grammy pour cet album. Juan Luis Guerra est une véritable icône dans son pays, poête et musicien du peuple. Formé aux USA, il a touché à de nombreux genres y compris le Jazz lorsqu’il était à l’université de Berkeley. Mais de retour dans son pays il mélange la musique afro-caraïbéennes avec sa propre expérience au sein d’un groupe appelé ’440’ qui est la fréquence en hertz du LA, la note de musique.
Mais c’est José Manuel Calderón qui est considéré par beaucoup comme le fondateur ou le père de tous les bachateros, car il fut le n° 1 en son temps avec de grand succès comme « Serpiente Humana », « Luna », « Sálvame » et bien d’autres encore. La nouvelle génération de la Bachata est représentée par Luis Segura. Le titre « Pena por ti » a sérieusement augmenté la popularité du style à son plus haut niveau avec d’autres comme Anthony, Raulin Rodriguez, Teodoro Kings and Joe Sides, Good Alex, Frank Kings, Monchy et Alexandra, Luis Vargas, Zacarías Ferreira, Frank Reyes…

A l’heure actuelle, l’arrivée d’artistes comme Monchy y Alexandra, Aventura ou Extreme pour ne citer qu’eux, marque peut être un nouveau virage dans l’évolution de la bachata. En effet, ces artistes produisent une musique beaucoup plus moderne, qui est largement plus adaptée à la danse. On parle alors de « bachata moderna » ou « nueva bachata ». Sûrement en référence au fait que la bachata traverse les époques et s’adapte à son temps. La chanson mélodramatique et populaire d’hier s’est transformée en ce que l’on connait aujourd’hui. Mais une seule chose est sûre : tout comme les gens dans les fêtes populaires d’il y a des dizaines d’années, on prend aujourd’hui encore autant de plaisir à la danser !


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