Comment bien choisir un violon

De quelques centaines à plusieurs milliers d’euros, il y a des violons à tous les prix. La remarque vaut pour tous les instruments. Combien faut-il raisonnablement dépenser et comment choisir ? Ne peut-on pas se contenter de la location ? Quelques conseils pratiques avant d’agir.

Pour être de qualité, un instrument doit respecter des règles bien précises. L’instrument doit avoir un son prometteur, être de bonne facture (voir la précision des filets, la coupe des ouies, la sculture de la volute…) et beau à voir en général mais pour ce qui concerne l’esthétique, tous les goûts sont dans la nature…
La sonorité d’un instrument dépend de nombreux facteurs. Le choix du bois, par exemple, est tout aussi important que le positionnement de l’âme dans l’instrument. En effet, on ne peut pas espérer construire un bon violon sans un bon matériau.
Il faudra choisir avec beaucoup de soins la matière première du violon. Seule l’expérience permettra de sélectionner correctement le bois. Il faudra, de plus, attendre une dizaine d’années avant que le bois soit bien sec: utiliser un bois encore « vert » aurait des conséquences catastrophiques.
La sonorité dépend également de la bravoure du luthier à exploiter au mieux le bois qu’il aura choisi et donc il lui faudra comprendre exactement la densité, la dureté du matériau.
Le violon est composé de différentes parties, comme par exemple la table et le fond qui doivent avoir une épaisseur bien précise en fonction des caractéristiques mécaniques du bois. L’épaisseur du bois est directement liée à la forme des voûtes.
Une voûte bombée nécessitera une épaisseur plus fine par rapport à une voûte plate. En sachant que chaque morceau de sapin ou d’érable a des caractéristiques différentes, il est indispensable que le constructeur possède une grande sensibilité afin d’être en mesure de saisir la différence entre deux pièces d’un même bois.

Mais ce n’est pas tout! A l’intérieur du violon, il y a une petite pièce de bois, appelée « barre », qui sert à renforcer la table mais si sa position, sa tension, sa dimension ou sa forme ne sont pas adaptées à la structure de la voûte, la sonorité en souffrira.

Une autre phase importante pour la voix du violon, est l’encastrement. Cette opération permet de fixer le manche à la caisse. C’est un assemblage, qui ne doit pas bouger, formera un certain angle (renversement) avec le corps de l’instrument.
Cet angle définira la pression des cordes sur la voûte de la table. Un angle trop ouvert ne donnera pas assez de tension aux cordes et le son serait sans énergie. Au contraire, trop de tension bloquera la table acoustique et la sonorité serait étranglée.

Un belle monture (âme, chevalet, choix des cordes) permettra au travail accompli de se concrétiser en un son harmonieux et puissant.
Enfin un vernis, préparé avec soin, devra protéger et embellir l’instrument sans bloquer la sonorité. Pour cela, il ne devra être ni trop dur ni trop mou.

La beauté est très subjective: certainement si l’instrument a un bois ondé, un vernis transparent et chaleureux, aucun musicien ne s’en plaindra.

Les essences de bois employées par les luthiers modernes pour la construction du violon sont restées les mêmes depuis plus de quatre cents ans. En effet, l’expérience séculaire des anciens maîtres a défini le choix des bois à employer. L’érable est utilisé pour la construction du fond qui peut être en une ou deux pièces, des éclisses et de la volute.


Il faut ajouter que nous pouvons trouver d’autres bois pour la réalisation du fond du violon: Sur des instruments anciens, des essences comme le peuplier, le saule, le noyer et même certains arbres fruitiers ont été utilisées mais aujourd’hui nous nous limitons à l’érable. Les qualités acoustiques de ce dernier sont nettement supérieures aux autres bois mis à part l’épicea et seuls des problèmes d’approvisionement expliquent l’emploi du saule ou du peuplier.

En effet, à l’époque de Stradivari, se procurer de l’érable de bonne qualité était plustôt difficile et parfois dangereux. Le bois, provenant des Balcans, suivait des routes peu sûres. De même, durant la dernière guerre mondiale, vu l’impossibilité de recevoir du bois des balcans, les luthiers se replièrent sur des essences locales comme par exemple le platane. L’érable est connu dans le monde entier pour sa feuille  » Emblème du Canada « .


Il est possible de trouver du bois remarquablement ondulé qui fait en partie la beauté de l’instrument. Celui que nous utilisons le plus souvent, provient des Balcans. Sa qualité supérieure découle du terrain sur lequel il pousse ainsi que des conditions climatiques plus adaptées à sa croissance. Nous utilisons également celui provenant du Jura, du Canada et même de Chine. L’érable a en moyenne une densité de 660 Kg / m³ à 12% d’humidité.

Avec l’épicéa, nous construisons la table d’harmonie. C’est un bois que nous retrouvons d’ailleurs dans tous les instruments à cordes.
Exceptionnellement nous avons employé le cèdre. L’épicéa est le bois le plus employé car il possède des caractéristiques acoustiques formibables.

Le sapin est le matériau ayant le meilleur rapport qualité acoustique – poids résistance. Le meilleur provient des Dolomites mais aussi du Jura. L’épicea se caractérise par des veines particulièrement marquées et consiste en une alternance de veines tendres (croissance printanière) et de veines dures (croissance estivale). Cette caractéristique lui donne à la fois dureté (modeste tout de même), elasticité (très bonne)et légèreté (presque absolue avec 450 Kg / m³ à 12% d’humidité).

En observant attentivement le veinage du bois, il est possible de comprendre sa croissance, ses qualités, ses défauts. Seul un oeil expérimenté pourra savoir si le bois convient ou non à la constrution d’un instrument.

Cependant, la qualité du bois n’est pas tout, encore faut-il le couper correctement. Ils existent principalement deux types de coupes: radiale e tangentielle. Seul grâce à la coupe radiale, nous pourrons exploiter au mieux la qualité de la tablette en sapin. Pour le fond, il arrive que l’on trouve des pièces de bois coupées de manière tangentielle, des reflets rouges sombres. Il est lourd (plus de 1000 Kg / m³), très dure et compact qui ne se fissure pas et n’est pas attaqué par les insectes. Son grain est très fin et lui donne un fini remarquable mais difficile à travailler.

Nous l’utilisons pour fabriquer la touche, les chevilles et le cordier. Notez que seul le coeur de l’arbre est noir. N’oublions pas non plus le buis et le palissandre qui servent en alternative à l’ébène pour préparer la monture. Mais sagit là seulement d’une question de goût. L’importance, c’est la dureté du bois, compatible avec celle de l’érable.

Voici quatre chevilles en bois différent: de gauche à droite, palissandre, ébène, buis naturel et buis flammé teinté.
Le buis est, de tous, le bois le plus homogène et facile à travailler malgré que ses caractéristiques varient selon son lieu de provenance.

Choisir un instrument n’est pas toujours évident surtout lorsqu’on manque d’expérience.

Avant toute chose, l’instrument doit plaire esthétiquement. Ensuite, il faut que vous vous trouviez rapidement à votre aise pour jouer, c’est à dire, entr’autre chose, que le manche corresponde à la morphologie de votre main mais aussi que la hauteur des cordes ne soit pas excessive et que la courbe du chevalet vous permette de jouer facilement sur la ou les cordes de votre choix. Disons d’une manière générale que tout doit être à votre taille. Si vous êtes très attiré par la sonorité et que l’instrument ne vous chausse pas parfaitement, il sera toujours possible de l’adapter dans une certaine mesure en modifiant le manche et / ou le chevalet.
Si le problème provient de la caisse (trop longue trop large ou trop haute), il n’y a pas grand chose à faire.

Pour ce qui est de la sonorité, le problème est plus délicat dans le cas d’un instrument neuf ou d’un instrument qui n’a pas été joué depuis longtemps. Si l’instrument vous plait en général mais qu’ il a quelques faiblesses sur certaines cordes, il faudra essayer d’en comprendre la raison car la sonorité dépend de beaucoup de facteurs et il suffira peut-être de modifier la position de l’âme ou de choisir des cordes plus adaptées à l’instrument.

Pour s’assurer que la caisse acoustique d’un violon ne soit pas trop fine, on peut avoir recours à quelques « trucs »: il est possible de regarder l’épaisseur de la table au niveau des « f ». Une mesure normale sera d’environ de 3,5 mm. pour le violon. Un contrôle plus efficace consiste à exercer une légère pression sur les voûtes et d’en apprécier la rigidité: plus la voûte cède plus l’instrument est fin. Une légère flexibilité est de toute façon normale. Un instrument très léger ne veut pas dire forcément un instrument fragile et ce n’est pas un facteur décisif pour en juger la qualité.
A présent, votre attention devra se porter sur le vernis. Si celui-ci a déjà plusieurs mois, il doit être sec et ne doit en aucun cas coller aux doigts. Il est préférable d’avoir un vernis souple car il résistera mieux aux petits chocs. Si l’instrument a déjà été joué, il est tout à fait normal que le vernis soit un peu usé ou qu’il est pris des coups.

En ce qui concerne la sonorité, tous les goûts sont dans la nature mais pour ceux qui n’ont pas une idée précise, je peux dire que l’instrument doit sonner librement en ayant une émission facile et une réponse immédiate aussi bien en jouant doucement qu’en jouant fort. Les quatres cordes doivent être équilibrées et le son sera clair. J’ajouterai que le timbre s’améliorera rapidement en jouant l’instrument et que cette amélioration sera plus marquée les premiers mois et continuera pendant de nombreuses années.


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