La diplomatie par le sport
Mais cela reste une broutille pour la troisième puissance gazière de la planète, qui peut aussi compter sur d’importantes réserves de pétrole. Le Qatar avait déjà provoqué un coup de tonnerre au printemps dernier en achetant le PSG pour 40 millions d’euros, ainsi qu’une partie des droits de la Ligue 1 pour 90 millions d’euros, via sa chaîne de télévision Al-Jazira. Et il est aussi pré-sent dans le cyclisme (il gère le transport des coureurs du Tour de France avec Qatar Airways) et même dans l’équitation (sponsor du prix de l’Arc de Triomphe pour 49 millions d’euros sur dix ans). Pour arriver à ses fins, l’émirat peut s’appuyer sur le plus grand fonds souverain de la planète, Qatar Investment Authority (QIA), doté de 85 milliards de dollars, soit l’équivalent du PIB d’un pays comme la Slovaquie.
Cette offensive s’inscrit dans une stratégie globale : organisation de la Coupe du monde de football 2022 et du Mondial de handball 2015, rachat du club de foot espagnol de Malaga… «Ce petit pays parvient ainsi à exister sur la scène internationale, tout en améliorant son image», explique Pascal Boniface, président de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
Des investissements diversifiés
Au-delà du sport, la présence massive du Qatar est depuis quelques années une réalité dans l’économie française. Il possède, entre autres, 10 % du groupe de médias Lagardère, 5 % du leader mondial des services collectifs Veolia Environnement et a pris les rênes du maroquinier haut de gamme Le Tanneur. Il est propriétaire des hôtels de luxe parisiens Majestic et Royal Monceau. Paris et Doha entretiennent également des liens diplomatiques étroits : l’émir du Qatar Hamad bin Khalifa al-Thani avait été le premier chef d’Etat arabe reçu par Nicolas Sarkozy en 2007. «La France a un poids stratégique, analyse Pascal Boniface.
Et le Qatar a besoin d’alliés, car il est fragile face à ses voisins, les géants saoudien et iranien. Très proche des Etats-Unis, il cherche à diversifier ses partenaires, et la France, différente, constitue une alternative.» A l’inverse, les entreprises françaises sont déjà bien implantées à Doha pour profiter de la Coupe du monde 2022, estimée à 74,6 milliards d’euros.