Les bornes d’âge ne bougent pas mais c’est désormais la génération 1955 et non 1956 qui est pleinement concernée par le report de l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans et de l’âge de taux plein de 65 à 67 ans. C’est la menace d’une dégradation de la note AAA de la France, liée à son endettement, qui a incité le gouvernement à prendre des mesures de rigueur annoncées par François Fillon le 7 novembre. L’économie réalisée en limitant le nombre de personnes à la charge des caisses de retraite permettrait une diminution des déficits cumulés des régimes de retraite à hauteur de 4,4 milliards d’euros entre 2012 et «La perception 2016, dont 0,1 milliard dès 2012, indique le Plan d’équilibre des finances publiques.

Qui est concerné ?
Ce sont les générations 1952, 1953, 1954 et 1955 qui verront l’âge légal de départ à la retraite reporté de quelques mois supplémentaires (+1 mois pour les 1952, +2 mois pour les 1953, +3 pour les 1954 et +4 pour les 1955). Pour les autres, il n’y a pas de changement. Le taux plein n’est versé à cet âge-là qu’à la condition d’avoir réalisé tous ses trimestres. L’âge à partir duquel un salarié peut partir sans décote (même s’il n’a pas cotisé toutes les années nécessaires pour avoir une retraite) suit la même accélération, puisque le départ à taux plein intervient cinq ans après la date de départ légal.

Combien de personnes sont touchées par ces derniers changements ?
«Globalement, pour les prochaines années, on estime à 650 000 personnes en moyenne, tous âges confondus, le flux annuel de départs à la retraite pour le régime général», estime Gérard Rivière, président de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav). Mais toutes ne sont pas touchées par les changements. «A la suite des mesures visant à relever l’âge légal, sur la génération 1952, 63 % devraient reporter leur départ, 70 % pour la génération 1953, 73 % pour la génération 1954 et 76% pour la génération 1955», indique Vincent Poubelle, directeur Statistiques, prospective et recherche de la Cnav. Les personnes restantes partent à la retraite avant 60 ans, dans le cadre de départs anticipés pour carrière longue par exemple, ou après 65 ans.

Quel est l’impact pour les salariés et les entreprises ?
L’impact n’est pas tant celui du report de quelques mois supplémentaires que d’annonces successives et rapprochées de la remise en cause des droits. Qu’ils soient directement concernés ou non par les derniers changements, «la perception des salariés est qu’on repousse toujours plus loin l’échéance de la retraite, rapporte Jean-Louis Malys, secrétaire général CFDT en charge du dossier retraites. Il y a deux conséquences à cet effet : ceux qui sont proches de la retraite veulent partir le plus vite possible pour éviter la prochaine réforme. Quant aux plus jeunes, à leurs yeux, ça décrédibilise la retraite par répartition.» Pour les autres, depuis la réforme de 2010, leur priorité est plus que jamais le maintien en emploi. «Alors que la moitié des seniors rêvaient de partir avant 60 ans en 2005, seul un quart le souhaite encore aujourd’hui», révèle le 11e Baromètre senior Entreprise & carrières/Notretemps.com, réalisé du 18 octobre au 1er novembre. Les seniors savent désormais que s’ils ne se sont pas constitués de complément de retraite substantiel, ils prennent un risque financier en acceptant un départ anticipé.

Du côté des entreprises.
Ces hoquets de la réforme des retraites posent avant tout un problème de visibilité pour les directions des ressources humaines qui ne sont plus au clair sur les intentions de départ des salariés âgés. Depuis la réforme de 2010, des directions des ressources humaines avaient dû revoir ou compléter, par des avenants, les accords d’entreprise par lesquels un certain nombre de salariés avaient quitté l’entreprise dans des plans de départ volontaires ou des aménagements de fin de carrière, sans avoir prévu le report d’âge acté par la réforme. Elles devront sans doute recommencer pour les accords d’entreprise signés depuis 2009 qui comportent des mesures d’âges pour les générations 1952 à 1955.