Comment protéger ses enfants de l’utilisation d’Internet

«A côté du meilleur, Internet véhicule aussi le pire». C’est par ces paroles que la secrétaire d’Etat chargée de la Famille, Claude Greff, a annoncé hier le lancement du numéro Vert «Net écoute» et de l’espace internet «info-familles». L’objectif : conseiller les parents souvent démunis face à l’utilisation d’Internet par leurs enfants ou adolescents. Pornographie, rencontres dangereuses sur les chats, harcèlement via les réseaux sociaux, les dérives sont de plus en plus nombreuses. Dernière en date, les jeux free-to-play. Prétendument gratuits, ces derniers incitent les enfants à payer – et donc à fournir les cordonnées bancaires de leurs parents – pour pouvoir évoluer dans leur partie. Face à ces nouvelles problématiques, il est tout à fait possible d’éduquer ses enfants à un usage raisonné d’Internet.

INSTALLER UN CONTRÔLE PARENTAL
Proposé par les fournisseurs d’accès à Internet, le contrôle parental fonctionne à partir de deux profils. Le premier, pour les enfants âgés d’une dizaine d’années au maximum, se base sur une «liste blanche». L’enfant n’a alors accès qu’à une sélection limitée de sites jugés sans danger, entre autres pour jouer. Le second, pour les ados, fonctionne à l’inverse avec une «liste noire» de sites, notamment pornographiques, à laquelle il n’a pas accès. Ce filtrage est proposé dès l’installation d’Internet. Il en existe également pour les smartphones, que les jeunes sont de plus en plus nombreux à posséder. Mais selon Justine Atlan, présidente de l’association E-enfance, «ils n’offrent pas encore un filtrage assez précis».

PAS D’ORDINATEUR DANS LA CHAMBRE
Le contrôle a aussi sa place dans la maison. «L’enfant ne doit pas avoir un ordinateur dans sa chambre avant 14 ans», insiste Béatrice Copper-Royer, psychologue spécialiste de l’enfance. Idem pour le téléphone portable qui, s’il est gardé sous l’oreiller, peut pousser l’enfant à poursuivre des conversations au lieu de dormir. La meilleure solution, pour l’ordinateur, reste de l’installer dans une pièce ouverte, le salon ou la salle à manger, afin de rester sous la vigilance des parents.

FIXER DES LIMITES DE TEMPS
Pour Internet et ses jeux vidéo, qui fascinent en particulier les petits garçons, il s’agit de «fixer des limites de temps raisonnables », conseille la psychologue. Elles ne doivent pas être trop courtes, «car il faut laisser à l’enfant le temps de pouvoir s’amuser». On conseille souvent deux heures le week-end et une heure par jour en semaine. Une gestion qui doit être établie en toute transparence avec l’enfant, le mieux étant de l’inciter à ne pas avoir une utilisation quotidienne d’Internet. Les smartphones et tablettes tactiles, enfin, ne doivent pas finir entre leurs mains «pour passer le temps» sans aucun contrôle.

NE PAS DIABOLISER LE NET
Les experts s’accordent sur le fait que le contrôle ne doit en revanche pas être une négation de l’outil Internet. Béatrice Copper-Royer explique ainsi qu’il ne faut pas «diaboliser» les jeux en ligne ou les réseaux sociaux. «Emballants» et «stimulants», ils ont une réelle importance dans la construction affective de l’enfant, ou quand l’adolescent commence à former sa bande de copains. L’essentiel reste alors de «contrôler les excès».

DISCUTER ET ÉDUQUER
Le Web n’est pas le reflet exact de la réalité. «L’aspect dématérialisé du Net n’empêche pas la gravité des choses qui s’y passent», note Justine Atlan. L’enfant doit par conséquent s’y conduire comme dans la «vraie vie». Son nom, son prénom, ou ses coordonnées ne doivent pas être divulgués à tous. Aux parents d’enseigner à leurs enfants l’intimité : «On ne dit pas n’importe quoi, on ne met pas n’importe quelle photo, on ne s’expose pas impudiquement», explique la psychologue. Un moyen d’éviter qu’une photo ou vidéo intime ne se retrouve à la vue de tous. Car le contenu du Net «n’est validé par personne», conclut E-enfance.

LES DANGERS DE LA TOILE
La pornographie. Près de 15 % des 9-16 ans ont déjà été confrontés à des images sexuelles. Un tiers d’entre eux reconnaissent avoir été perturbés, mais seule la moitié (53 %) en a parlé avec leurs parents ou un ami.
Les contacts dangereux. Près d’un tiers des 9-16 ans ont déjà communiqué en ligne avec un ou une inconnue. Parmi eux, près d’un sur dix (9 %) a été jusqu’à rencontrer cette personne découverte sur la Toile.
L’usage excessif. Les enfants passent en moyenne 1h30 par jour devant leur ordinateur. Quasiment un tiers (30 %) de ceux âgés entre 11 et 16 ans avouent négliger leurs amis, avoir des troubles du sommeil ou des problèmes scolaires à cause de leur utilisation excessive d’Internet.


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