Avec dix millions d’exemplaires vendus par an, la France est le deuxième pays au monde consommateur de mangas derrière le Japon. Situé au cœur du quartier latin, le Manga Café décline le concept du « manga-kissa », un espace de détente à mi-chemin entre le coffee house et la bibliothèque.
Design soigné, sofas noirs, tatamis rouges et personnages de mangas en fresque murale. L’ambiance atypique du Manga Café attire les curieux. Et surtout, les accros aux BD nippones. Ouvert l’été dernier par Ben Kordova, étudiant en éco-gestion à la Sorbonne, ce bar de 100 m² est devenu un point de rendez-vous incontournable. « Le mercredi et le week-end, le café est surtout fréquenté par les 15-20 ans. A l’inverse, en soirées, ce sont de jeunes adultes qui viennent se détendre, après le bureau ou la fac », explique Ben qui lit en moyenne trente mangas par mois. Au final, c’est « la génération post-Goldorak » qui constitue le gros de la clientèle, des trentenaires biberonnés, dans les années 80, aux prémices du genre, Cat’s Eyes ou Cobra.
Si certaines femmes du quartier fréquentent ce café pour son côté cocooning, les gros bouquineurs, appelés « otakus », y viennent, eux, pour l’impressionnante collection d’ouvrages. Sur la mezzanine tapissée d’albums, ni comics américains ni BD franco-belges. Uniquement des mangas à déguster sur place pour un tarif forfaitaire de 4 € de l’heure. Et le choix ne manque pas. Parmi les 8 000 volumes proposés aux clients, les best-sellers côtoient les nouveautés -une centaine par mois- et les pièces rares. Ces œuvres quasi introuvables en France, comme la collection des Candy, le premier manga paru dans l’Hexagone en 1993, sont rangées à part dans une armoire et disponibles sur simple demande.
Mais dans ce bar à thème, il n’y a pas que les mangas qui sont à volonté. Le forfait payé à l’entrée permet aussi d’accéder à Internet, de jouer sur des consoles Playstation 2 et de déguster des boissons chaudes ou des sodas. Depuis la rentrée, des projections de DVD en avant-première, des soirées d’initiation au Go – jeux d’échecs japonais – et des ateliers pour apprendre à dessiner les mangas animent cette bulle futuriste. Et quand on sait que les quelques 3 500 mangas cafés ouverts au Japon ont remplacé les cybercafés, on se dit que ce lieu de détente a de beaux jours devant lui.