Les débuts à New York |
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New York a vu défiler plusieurs modes venues de Cuba : Le son cubain (ou rhumba) en 1928, le Mambo en 1949 (après avoir transité par le Mexique), le Cha-cha-cha en 1954, la Pachanga en 1964. Elle a vu naître le Boogaloo en 1966, proche du Rhythm'n'blues, destiné à contrer la musique des Beatles. Vers 1967, les musiciens vont revenir à des sources plus latines, le son montuño particulièrement. Les musiciens new yorkais vont innover en utilisant également des bongos et en ajoutant un ou plusieurs trombones à la section cuivres (Eddie Palmieri et la Perfecta, Willie Colon inspiré par Mon Rivera). Citons : Lebron Brothers, Richie Ray et Bobby Cruz, Willie Colon, acompagné de Celia Cruz, Hector Lavoe puis Ruben Blades, Ray Barretto, Roberto Roena, Cheo Feliciano, Bobby Valentin, ... (la plupart font partie de la maison de disque Fania, qui est à la Salsa ce que la Motown est à la Soul). A partir de 1973, sous l'impulsion de la Fania, le nom de Salsa sera massivement utilisé commercialement pour désigner ce mouvement. Le mot espagnol signifie sauce. La salsa se diffuse ensuite en Colombie (patrie de la Cumbia et du Vallenato, et de très nombreux rythmes : Joe Arroyo, Fruko...) et partout dans le monde. A Cuba, le mot salsa n'est pas utilisé pour parler de musique (il a été adopté pour désigner la danse casino pour les touristes). On continuera à parler de Casino ou de Son; celui-ci sera modernisé par le groupe de Juan Formell, Los Van Van et s'appellera d'abord Songo, avant de devenir la Timba à la fin des années 1980, avec NG La Banda. |
La Salsa Romántica |
A partir de 1981, l'industrie en crise va tenter d'élargir son public. La salsa devient Salsa Romántica (ou Salsa Sensual, Salsa Sexy : principalement des reprises de ballades romantiques ou boléros; les textes et les arrangements sont moins agressifs, plus « mous ». Les pionniers seraient Orquesta Versalles avec le single ’Todo se derrumbo’, une reprise d'une ballade de Manuel Alejandro, orchestrée en salsa par Fitto Faster "Palabra". Le terme Salsa Romántica est du à Louie Ramírez, qui avait
sous-titré l'album ‘‘Noche
A posteriori, on qualifiera alors la salsa des années 1970 de salsa dura, salsa gorda ou encore salsa clasica. Parmi les premiers chanteurs de salsa romántica : Eddie Santiago, Frankie Ruiz, Lalo Rodriguez, Willie González; Et leur nombre n'a fait que croitre depuis les années 1990 : Luis Enrique, Jerry Rivera, Rey Ruiz, Marc Anthony, Tito Rojas, Tito Nieves, José Alberto ‘’El Canario’’, Tony Vega, Víctor Manuelle, Domingo Quiñonez, Michael Stuart et tant d'autres... |
Formation typique |
La formation typique comprend :
- une section rythmique : basse, piano, timbales, congas, bongos - des cuivres : trompettes, trombones, saxophones - des voix : chant et chœurs |
Racines musicales cubaines |
Le genre musical qu'on appelle aujourd'hui salsa est un terme aussi large que jazz ou rock. C'est un genre comprenant de nombreux rythmes tels que le son, le mambo, la guaracha, la bomba, le merengue, et différents styles tels que la charanga, le conjunto, le sexteto et d'autres. Le terme salsa englobe cette variété de styles rythmiques et de formes musicales. Pour étudier les racines de la salsa, nous devons nous tourner vers Cuba à cause de ses contributions énormes à ce type de musique. Des pays comme les USA, Porto Rico, le Vénézuéla, le Mexique, la Colombie et la République dominicaine ont aussi contribué au développement de la salsa, mais c'est à Cuba que furent développées ses bases. Techniquement, la salsa peut être décrite comme un terme général qui regroupe toutes ces musiques, lesquelles sont toutes structurées autour d'une cellule rythmique appelée clave. Ce qui distingue le rythme de la salsa est cette structure rythmique dans laquelle présence et rythme sont strictement maintenus par les musiciens et les arrangeurs, qui créent ainsi une base rythmique unique dans les styles musicaux d'origine afro-caraïbe. La musique cubaine est une fusion d'harmonies, de mélodies, de rythmes et d'instruments d'Afrique et d'Europe. Cette fusion continue d'éléments dès le XVIe siècle a donné naissance à une multitude complexe et fascinante de formes musicales, donnant à la salsa sa variété d'aspects, d'instrumentations, de pas de danse, de formes poétiques, de structures et de phrases rythmiques et mélodiques. Un facteur majeur dans le développement de la salsa est sa connection profonde avec plusieurs styles de percussion, ceci plus particulièrement à Cuba, où les peuples africain réduits en esclavage purent préserver leurs traditions sacrées et séculaires de percussion. Un élément unique de cette tradition est le lien entre musique et language où la parole s'étend au delà du morceau pour devenir un instrument. Cette intégration de la percussion dans la culture populaire est peut-être la caractéristique dominante des musique afro-cubaine et de toutes les musiques afro-centriste. L'héritage rythmique de la salsa est directement lié à la musique populaire cubaine. D'importance particulière à cet égard sont les formes connues comme rumba, son et danzón, lesquelles représentent la consolidation d'éléments séculaires et religieux africains et européens. Le son montuno à été fondé par le cubain Arsenio Rodriguez vers 1930 à partir du son cubain (apparu au carnaval de Santiago de Cuba en 1892, et issu du changui né vers 1860, jouée par un trio de musiciens : un « tres », des bongos et parfois des claves et un instrument de basse, la marimbula au début), en remplaçant le tres par le piano et les bongos par des congas jouant le rythme rumba du guaguanco. |
Diffusion de cette musique à Porto Rico puis New York |
La création de l'État Libre et Associé de Porto Rico en 1952 déclenchera de grandes sorties migratoires de cette île vers la côte Est des États-Unis, et spécialement vers le Spanish Harlem (El Barrio), une partie du quartier « East Harlem » de Manhattan à New York entre la 1re et la 5e avenue et les 96e et 125e rues Est (on les baptise Nuyorican). Ainsi, de nombreux musiciens portoricains jouent à New York les rythmes
latins à la mode. Mais après la révolution cubaine achevée en 1959, de nombreux cubains émigrent aussi aux États-Unis (New York et Miami). Cuba, par l'embargo, perd son rôle culturel central, laissant à New York ce rôle de pôle d'attraction. La musique à New York sera alors majoritairement d'inspiration cubaine,
jouée par des musiciens de toutes les Caraïbes. |
Cultures africaines dans les Caraïbes |
Les africains qui furent amenés aux Caraïbes provenaient principalement des régions côtières de l'ouest de l'Afrique. Les africains de différentes nations jouèrent un rôle important dans le développement musical du nouveau monde. Certains des peuples les plus influents furent: les Yorubas du Nigeria, les Bantous du Congo et de l'Angola, les Ewe-Fon et les Fanti-Ashanti du Dahomey et les malé ou Mandingues du Soudan. Bien que certaines traditions musicales africaines furent perdues après avoir été transplantées aux Caraïbes, beaucoup se perpétuèrent jusqu'à nos jours. Ces traditions incluent: 1. Des chants question-réponse (antiphonaux) dand lesquels des lignes improvisées par le chanteur solo reçoivent une réponse chorale fixe. 2. Une polymétrique telle que des métriques doubles ou triples jouées simultanément. 3. Une polyrythmie qui inclu des syncopes et des surimposition de différentes parties, avec toutefois une pulsation qui tend à diviser les cellules en deux ou quates temps. 4. Des gammes pentatoniques et non européennes, particulièrement en respect des lignes vocales improvisées qui contiennent des inflexions ornementales. 5. Le développement et la création de nombreux instruments, aussi bien de percussions et mélodiques. Les instruments africains ne furent pas apportés avec le trafic d'esclaves. Les africains recréèrent leurs instruments avec les matériaux disponibles dans les îles et firent des adaptations au passage. Avec des variations, ces créations furent assez semblables à leurs ancêtres africains. Ce sont principalement des percussions, des cloches et des shakers. |
Influences espagnoles |
De toutes les influences de la musique occidentale dans les Caraïbes, celle de la musique d'Espagne est prédominante dans les îles de langue espagnole. La musique espagnole, de par l'histoire riche et mouvementée de ce pays, est elle-mème une combinaison d'influences européennes, arabes, gitanes, nordiques, indiennes et juives. La musique urbaine des Caraïbes fut influencée directement par la musique de la cour d'Espagne, de son théatre, de son armée et de son église. La musique rurale que l'on trouve dans toute l'Amérique latine -- connue comme música campesina (musique paysanne) est presque entièrement d'origine espagnole. La tradition séculaire espagnole démontre un grand amour de la
musique et de la danse populaire régionale, y compris des chants d'amour
et nostalgiques, ainsi que des danses jubilatoires pratiquées par toutes
les classes économiques de la société.
Le Flamenco fut introduit à Cuba durant le seizième siècle et il influençat la musique des Caraïbes comme de l'Amérique latine. Avec le flamenco, de nouvelles influences arrivèrent: ce furent les gammes et les modes de l'Orient et des Indes, leurs instruments et rythmes couplés avec la musique du nord de l'Espagne et d'autres influences qui affectèrent le développement musical des Caraïbes. Ces formes et styles qui apparurent comprennent: la habanera et la rumba à Cuba, le joropo en Colombie et le jarabe au Mexique, ainsi que d'autres. |
Influences du jazz et de la musique nord-américaine |
Les styles musicaux d'Amérique du nord, de l'Europe et des Caraïbes ont échangé des informations et se sont influencés les uns les autres pendant des siécles. C'est cependant lors du dernier siècle que nous trouvons les influences réciproques les plus notables, surtout entre le jazz nord-américain et la musique cubaine. Il y a plusieurs facteurs qui conduisirent à ces influences réciproques : 1. L'incorporation de traditions religieuses d'Afrique dans la musique cubaine. 2. L'adaptation du style des fanfares militaires européennes dans l'instrumentation populaire. 3. Le développement harmonique et les innovations introduites par les impressionnistes européens, mélangées avec les harmonies africaines (comme les gammes pentatoniques et "blue"). Au début des années 20, des styles comme le ragtime two-step, le fox trot, le charleston et la tap dance était populaires dans les salles de danse cubaines. Des orchestres interprétaient de la musique traditionelle cubaine mais ils utilisaient aussi l'instrumentation des orchestres de jazz, et de nouvelles harmonies "jazz" furent introduite dans cette musique populaire. Des artistes étrangers adaptèrent les rythmes cubains et les cubains se mirent à commercialiser leur musique pour les touristes et sur les marchés extérieurs. L'invention de la radio dans les années 20, ainsi que le développement de l'industrie d'enregistrement des disques et du film parlant allaient développer le goût des auditeurs et permettre à la musique cubaine de connaître une renommée mondiale. Elle joua même un grand rôle comme source d'innovation et d'inspiration. Elle influença les styles étrangers tout comme elle avait réussi à assimiler et incorporer des influences étrangères. Cela résultat dans un style presque indistinguable de ses contre-parties "étrangères". Le jazz et la musique des Caraïbes partagent un développement parallèle, surtout du fait que la Nouvelle-Orléans, le berceau du jazz, fait partie de la communauté des Caraïbes. Vers les années 30, la musique cubaine et celle de Porto Rico s'établirent à New York et se répandirent à travers les États-Unis. Cette musique latine eu une profonde influence sur la musique nord-américaine, influence qui se perpétue encore aujourd'hui. La constante évolution de cette musique a donné naissance à des formes musicales comme le cubop, le latin jazz, la salsa, le latin rock et le latin fusion. Elle s'est aussi répandue dans des genres comme le rythm and blues, le rock and roll et même le rap. Cependant à Cuba, le jazz et les autres formes de musiques nord-américaine ont continué d'évoluer à l'intérieur du contexte de la musique traditionelle cubaine. Les artistes cubains perpétuent non seulement les traditions de leur propre musique populaire, mais ils continuent aussi à explorer et créer de nouveaux sons en mélangeant les anciens styles avec les nouveaux, aussi bien qu'avec d'autres influences culturelles venues du Brésil, de Haïti, de la Jamaïque et d'Amérique du Sud. |